La deuxième initiative, celle du couple franco-allemand, revient à proposer de créer des sanctions fortes contre les pays qui seraient en déficits excessifs. Il est piquant de voir les deux pays qui ont enterré en son temps le pacte de stabilité, vouloir en construire un nouveau. Là, les sanctions (amande de 0.2% du PIB, suspension du droit de vote) devraient être plus automatiques et décidées par le Conseil Européen six mois après le lancement d’une procédure par la Commission.
Deux dérives inquiétantes
Sur le budget, il serait extrêmement choquant de confier à un aréopage de technocrates apatrides qui ne rendent aucun compte au peuple le pouvoir de lever des impôts et de les dépenser un peu comme bon leur semble. En outre, on imagine bien que cela est un moyen d’augmenter le budget de l’Union, rajoutant une charge de plus aux citoyens des pays membres de l’UE. Cette autonomisation financière est une dérive fédéraliste menée sans véritable débat démocratique.
Et c’est tout le problème global de cette construction européenne qui viole les souverainetés nationales au mépris des référendums de 2005 en France et aux Pays-Bas. Il est proprement hallucinant de proposer de suspendre les droits de vote d’un pays si les autres jugent que ses déficits sont excessifs. Entre la démocratie et des règles de gestion arbitraires, la commission de Bruxelles a vite choisi ! En outre, on imagine que ces décisions ne seraient pas soumises à un vote populaire…
Nicolas Sarkozy, contradictoire et malhonnête
Il faut noter ici les contradictions et la malhonnêteté du président de la République. Lors de la campagne présidentielle, il avait dénoncé les conséquences de la surévaluation de l’euro et disait vouloir agir à ce sujet. Il avait également promis un « mini-traité limité aux questions institutionnelles et prenant en compte le non au référendum » pour au final ratifier sans quasiment rien obtenir un TCE bis en le soumettant uniquement au vote du Parlement.
Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy trahit plus encore l’inspiration souverainiste de sa campagne en acceptant de mettre les budgets nationaux sous la tutelle de la commission de Bruxelles et de nos partenaires européens. Les illusions entretenues par les discours écrits par Henri Guaino sont brutalement dissipées par son soutien apporté à un tel projet. Comme d’habitude, sous la pression, Nicolas Sarkozy cède tout ou presque à nos partenaires, et notamment à l’Allemagne.
Face à cette dérive fédéraliste soutenue par notre propre président, heureusement que la Grande Bretagne s’oppose à tout transfert supplémentaire de pouvoir. Reste à savoir si Londres seul pourra agir pour nous éviter une telle dérive…
Laurent Pinsolle
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